Tolstoï, un conte de fées
Hanno, Cadet, Actes Sud Junior, 6 €
« Depuis quelques semaines, il y a dans ma rue un SDF. Un homme qui dort dehors, quoi. Si je dis « SDF », c'est pour vous. Parce que c'est pratique : trois lettres et tout le monde comprend. Moi, j'aurais préféré « clochard ». Au moins, c'est un vrai mot. » Tout est dans la virgule du titre. Tolstoï, un conte de fées. Parce qu'on ne s'étonne pas de croire tout de suite à l'histoire de cette petite fille, qui persuade son père de prêter à Tolstoï la cabane dans le jardin de leur maison de campagne. Alors oui, c'est trop simple, Tolstoï aménage la cabane, répare le four à bois, cuit du pain pour les villageois et... oui, c'est trop beau, mais on y croit. Sauf que tout s'écroule au dernier chapitre.
« Dans les contes, ceux qui font du mal sont souvent des êtres maléfiques, avec des têtes tordues et des rancunes de plusieurs siècles. Mais dans la vraie vie, ils sont souvent juste comme vous et moi. C'est dur à comprendre ». L'écriture d'Hanno est vive, mordante, et tendre - à la fois. Son héroïne a quelque chose de Tamara dans Adieu mes neuf ans, de Valérie Zenatti. La même ténacité à vouloir changer les choses. Avant que la réalité des grands ne vienne tout anéantir. Madeline Roth, librairie L'Eau Vive
L'envol du hérisson
Agnès de Lestrade, Rouergue, 6,50 €
Le père d'Eugénie a perdu son travail. Au début, tout va bien. Comme c'est un papa bricoleur, il fait tout ce qu'il ne pouvait pas faire lorsqu'il travaillait. Mais très vite, son moral baisse. Surtout quand, lors d'un entretien d'embauche, on lui fait comprendre que, passé la cinquantaine, on est vieux sur le marché du travail. Alors, il déprime. A l'école, la classe de CE2 est inscrite pour un grand concours au niveau départemental : construire un objet volant. La maîtresse souhaiterait l'aide d'un parent "bricoleur". Eugénie pense tout de suite à son père. A force de persuasion, il accepte et s'investit à fond : ils construisent un hérisson volant. La classe remporte la 2ème place et le père, un moral d'acier. Il décide de faire une formation pour devenir animateur en arts plastiques dans les centres de loisirs.
L'ami iguane
Alex Cousseau, Rouergue, 6,50 €
Manola, la voisine du jeune narrateur vient du Mexique, elle vit en France depuis 10 ans. Le père Grinche, aux idées « moisies » et racistes, ne peut pas la supporter et encore moins son animal familier : un iguane. Aussi monte t-il tout un scénario pour accuser l'iguane d'avoir croqué le petit orteil de son fils. Il fait le tour du village pour raconter l'histoire de son fils, mais on lui rit au nez, car tous savent que Manola et son iguane (qui est herbivore) sont inoffensifs. Mais lorsque Grinche devient violent, Manola, le narrateur et l'iguane s'enfuient dans le bois sous la pluie. Mais pourquoi Manola a-t-elle peur aussi des gendarmes ??
Un petit roman agréable, agrémenté des illustrations d'Anne-Lise Boutin, presque un petit polar, qui dénonce la bêtise et le racisme. Annie Falzini
Sélection commune pour les niveaux CM et 6ème :
Qui a volé mon chien ?
Roselyne Bertin, Heure noire, Rageot, 7,10 €
Le roman commence par une course haletante. Un gamin, Arthur est poursuivi par deux hommes. Il fuit, il court, et ... il tombe dans une fosse, se brise le pied et essaie de se faire tout petit pour que les deux hommes qui le poursuivent ne le trouvent pas.
Retour en arrière...Arthur rentre chez lui et Zoé, sa chienne labrador qui habituellement guette son retour est absente. Inquiet il la cherche, persuadé qu'elle ne s'est pas sauvée, le grillage est trop haut. Elle a sûrement été volée... Les vacances arrivent, il les met à profit pour parcourir le pays à vélo, avec ses deux amis, Antoine et Thomas, mais pas trace de Zoé...Antoine et Thomas, surfent sur Internet et découvrent un site qui vend des chiens de race. Arthur pense y reconnaître Zoé...Un récit palpitant, bien mené, qui séduira les jeunes lecteurs aimant les enquêtes ... et les chiens. Annie Falzini
L'histoire de Clara
Vincent Cuvellier, illustrations de Charles Dutertre, Gallimard Giboulées, 13,50 €
Un très beau texte illustré. Chaque chapitre est la voix d'un personnage ayant rencontré Clara. D'abord il y a la mère maternant. Elle parle à Clara et à travers ses paroles nous devinons une famille juive cachée dont Clara est le bébé, la dernière des quatre enfants. Aujourd'hui ils vont sortir, aller au parc, leur dernière journée de liberté. Lorsqu'ils rentrent, la police française est là. Le bruit, les cris, Clara est posée dans l'ascenseur, et laissée quand les policiers emmènent la famille. Puis il y a la vieille, qui trouve Clara dans l'ascenseur, puis sœur Marie Louise, puis le cousin Georges, puis le « boche » qui ne fait pas la guerre aux enfants, même juifs. Et puis il y a le chapitre de la sorcière, celui de Simon, caché dans la grange de Paulette...Tous vont essayer de sauver Clara, de lui apporter un peu de tendresse, d'amour, parfois quelques jours, un mois, deux mois, parfois plus. Et puis il y a la libération et la maison des enfants...Et dans la maison des enfants arrive Rachel. Elle revient des camps. Elle ne peut plus pleurer, à peine parler, mais elle chante à Clara la chanson que lui chantait sa maman quand elle était petite. Quand elles étaient petites.
Un livre tendre, émouvant, sans misérabilisme. A travers le destin de Clara nous découvrons, dans la France, où régnait parfois la dénonciation, le chacun pour soi, le survivre avant tout, qu'un bébé peut attendrir et faire que des êtres très différents, peuvent tout faire pour le sauver, lui apporter un peu de tendresse, un peu d'amour. Les illustrations de Charles Dutertre accompagnent le texte en y apportant une note de fraicheur. Annie Falzini
Les tortues de Bolilanga
Franck Prévot, Thierry Magnier, 7,50 €
Salah, le petit frère d'Alam est mort et Alam ne peut l'accepter. Le deuil est difficile, voir impossible. Alors Nenek, son grand-père, mémoire des légendes du village, lui conte celle d'Ibou Mine, mère des anges, une mère aimante transformée à sa mort en tortue. On raconte que lorsqu'un enfant meurt, il se transforme en tortue et va la retrouver. Alam et ses amis décident de protéger les tortues et ainsi de protéger Salah, ce qui apaise Alam.
Mais des charpentiers arrivent sur l'île, ils vont, pour le fils du gouverneur, construire des bungalows pour les touristes, or l'île appartient à Om Ari, le père de son ami Fendi, elle leur procure des noix de coco, seule ressource de la famille. Et surtout ces constructions feront disparaître les tortues. Alors pour protéger les tortues, la mémoire de Salah et lutter contre l'injustice, Alam et ses amis vont se servir de la légende pour faire fuir les charpentiers.
Franck Prévot connaît bien l'Indonésie, son roman est inspiré de son séjour dans le village d'Alam, et l'on peut retrouver la légende d'Ibou Min dans l'album illustré par Delphine Jacquot. Annie Falzini
A la fraise
Hélèna Villovitch, Neuf, Ecole des Loisirs, 8 €
David décrète, un matin, qu'il s'appellerait dorénavant Georges. Cela bouleverse sa vie pour différentes raisons : son père lui annonce alors qu'il s'appelle Hugh Grant, sa mère Madonna.
A l'école, il se lie d'amitié avec Anesthésie, qu'il n'appréciait pas particulièrement, et l'invite chez lui pour faire leurs leçons. Lorsqu'ils ont fini, ils décident de dessiner et commencent par les amis de David : ils leur rajoutent quelques éléments d'animaux. Le lendemain, à l'école, ils ont la désagréable surprise de voir que leurs amis se sont transformés en animaux. Le processus continue jusqu'à ce que la remplaçante de la maîtresse se voit attribuer un long cou de girafe et la poche d'un kangourou. Comment arrêter le processus ? Ils décident tous d'aller voir leur institutrice en cure de sommeil à l'hôpital. Grâce à leurs efforts conjugués, tout va peu à peu rentrer dans les normes ou à peu près.
Un roman facile à lire où rire et fantastique se mêlent étrangement. La fin est peut-être un peu tirée par les cheveux mais ce roman est rafraîchissant, charmant et original. Anne Marie Haloche, bibliothécaire