Demain la lune
Cécile Roumiguière, Chapitre, Seuil, 8 €
L'été 69. L'été où tout semblait possible, où les rêves de chacun se conjuguaient avec les premiers pas de l'homme sur la lune. Seulement, cet été-là démarre beaucoup moins bien pour Michel et Liliane, dont les parents viennent de se séparer. Et même si leurs parents ont su leur expliquer et leur faire comprendre que c'est mieux ainsi, Michel va éprouver beaucoup de difficulté à grandir avec tout ça.
Leur histoire nous est racontée au moment où ils partent rejoindre leur père dans un camping à côté de Montpellier. Et même si la distance les dérange un peu, car ils vont se retrouver bien loin de leur Bretagne natale, ils vont vite découvrir le petit trésor qui les attend. Liliane de son côté va tomber sur un Charlie qui va lui permettre de s'évader loin de tout ça. Michel quant à lui va faire la connaissance de Corinne, une fille de son âge qui va partager avec lui les meilleurs endroits à découvrir dans le coin (c'est d'ailleurs une vraie experte de la pêche à l'anguille). Tout ce petit monde va vivre au rythme de ces deux astronautes qui vont fouler le sol de la lune pour la première fois...
Un très joli roman qui se lit d'une traite, bordé d'humour et de malice, avec des personnages attachants, qui nous dépeignent un été plein de rêves, plein d'espoir, dans ce qu'il a de plus universel :) Jean Pichinoty, La Soupe de l'Espace
2 pouces et demi
Thomas Lavachery, Bayard, 9,90 €
XVIII eme siècle, Emmanuel Denef est un portraitiste reconnu mais laid. Il ne veut imposer sa laideur à aucune femme, pourtant il rêve d'un enfant.
Erudit, grand lecteur, il sait que les alchimistes ont su créer la vie. Il achète à prix d'or de vieux grimoires, installe un laboratoire dans sa cave et réussit à créer des « Ombres », mais celles-ci se comportent d'avantage comme des animaux de compagnie que comme des êtres humains, ce n'est pas ce qu'il cherche. C'est un homuncule qu'il veut créer, il s'en sait incapable, mais le renoncement n'est pas dans son caractère. En Italie vit Guido Spaziano, le dernier des grands alchimistes, c'est vers lui que se tourne Emmanuel. De leurs efforts, de leur amitié naîtra : Gilles, un homuncule de 2 pouces et demi. Celui-ci se révèle d'abords un insupportable gamin, jouant des tours pendables à ses créateurs. Et puis subitement il s'assagit, se prend de passion pour la lecture et se montre d'une intelligence remarquable. Puis Emmanuel rentre avec Gilles à Bruxelles où il reprend son métier, prenant bien garde de dissimuler la présence de Gilles à ses côtés. Avant de s'éteindre il lui aménagera un appartement dont la présence est insoupçonnable. A sa mort Gilles reste seul avec ses sœurs : les Ombres. Au fil des années la maison passe de mains en mains sans que ses habitants ne décèlent leur présence. Gilles vit très mal sa solitude et, souvent, il maudit son père, qui égoïstement n'a pas songé à lui créer un compagnon. C'est un combat contre des frelons géants qui va lui redonner le goût de vivre.
Thomas Lavachery a su se détacher (comme dans Bjorn le Morphir) de tous ces romans fantastiques qui se ressemblent, il faut bien le dire, tous un peu, pour nous livrer un roman qui parle des alchimistes et de la création de la vie : Gilles, un être de 2 pouces et demi, surdoué, mais si proche de nous qu'il touchera, je l'espère, ses lecteurs. Annie Falzini
L'amour en cage
Maryvonne Rippert, Chapitre, Seuil, 7,50 €
Dès qu'il rentre du collège, Paul part dans la nature ardéchoise, seule capable de lui faire oublier les heures d'ennui et d'humiliation du collège. Peque, Péquenaud, il ne lui était pas venu à l'idée que le métier de son père, agriculteur, puisse être l'objet de mépris. Heureusement, il va peu à peu sortir de sa solitude grâce à Aïssata, la jolie guinéenne avec qui il se lie d'amitié.
Et il y a Nanah, l'oisillon recueilli par Paul qui va devenir une pie jacassante, espiègle et affectueuse. Mais une pie c'est fait pour vivre libre. Paul est confronté à un cas de conscience, comme Sylvain l'amoureux de Lisa, sa grande sœur, qui ne veut pas la laisser partir faire des études d'infirmière, le métier qui la rendrait heureuse. Et Aïssata lui annonce son départ pour l'Afrique : c'est un déchirement pour Paul.
Un roman bien écrit, agréable à lire, qui sous couvert de roman animalier aborde des problèmes susceptibles de toucher les jeunes lecteurs. Annie Falzini
Sélection commune pour les niveaux CM et 6ème :
Qui a volé mon chien ?
Roselyne Bertin, Heure noire, Rageot, 7,10 €
Le roman commence par une course haletante. Un gamin, Arthur est poursuivi par deux hommes. Il fuit, il court, et ... il tombe dans une fosse, se brise le pied et essaie de se faire tout petit pour que les deux hommes qui le poursuivent ne le trouvent pas.
Retour en arrière...Arthur rentre chez lui et Zoé, sa chienne labrador qui habituellement guette son retour est absente. Inquiet il la cherche, persuadé qu'elle ne s'est pas sauvée, le grillage est trop haut. Elle a sûrement été volée... Les vacances arrivent, il les met à profit pour parcourir le pays à vélo, avec ses deux amis, Antoine et Thomas, mais pas trace de Zoé...Antoine et Thomas, surfent sur Internet et découvrent un site qui vend des chiens de race. Arthur pense y reconnaître Zoé...Un récit palpitant, bien mené, qui séduira les jeunes lecteurs aimant les enquêtes ... et les chiens. Annie Falzini
L'histoire de Clara
Vincent Cuvellier, illustrations de Charles Dutertre,
Gallimard Giboulées, 13,50 €
Un très beau texte illustré. Chaque chapitre est la voix d'un personnage ayant rencontré Clara. D'abord il y a la mère maternant. Elle parle à Clara et à travers ses paroles nous devinons une famille juive cachée dont Clara est le bébé, la dernière des quatre enfants. Aujourd'hui ils vont sortir, aller au parc, leur dernière journée de liberté. Lorsqu'ils rentrent, la police française est là. Le bruit, les cris, Clara est posée dans l'ascenseur, et laissée quand les policiers emmènent la famille. Puis il y a la vieille, qui trouve Clara dans l'ascenseur, puis sœur Marie Louise, puis le cousin Georges, puis le « boche » qui ne fait pas la guerre aux enfants, même juifs. Et puis il y a le chapitre de la sorcière, celui de Simon, caché dans la grange de Paulette...Tous vont essayer de sauver Clara, de lui apporter un peu de tendresse, d'amour, parfois quelques jours, un mois, deux mois, parfois plus. Et puis il y a la libération et la maison des enfants...Et dans la maison des enfants arrive Rachel. Elle revient des camps. Elle ne peut plus pleurer, à peine parler, mais elle chante à Clara la chanson que lui chantait sa maman quand elle était petite. Quand elles étaient petites.
Un livre tendre, émouvant, sans misérabilisme. A travers le destin de Clara nous découvrons, dans la France, où régnait parfois la dénonciation, le chacun pour soi, le survivre avant tout, qu'un bébé peut attendrir et faire que des êtres très différents, peuvent tout faire pour le sauver, lui apporter un peu de tendresse, un peu d'amour. Les illustrations de Charles Dutertre accompagnent le texte en y apportant une note de fraicheur. Annie Falzini
Les tortues de Bolilanga
Franck Prévot, Thierry Magnier, 7,50 €
Salah, le petit frère d'Alam est mort et Alam ne peut l'accepter. Le deuil est difficile, voir impossible. Alors Nenek, son grand-père, mémoire des légendes du village, lui conte celle d'Ibou Mine, mère des anges, une mère aimante transformée à sa mort en tortue. On raconte que lorsqu'un enfant meurt, il se transforme en tortue et va la retrouver. Alam et ses amis décident de protéger les tortues et ainsi de protéger Salah, ce qui apaise Alam.
Mais des charpentiers arrivent sur l'île, ils vont pour le fils du gouverneur construire des bungalows pour les touristes , hors l'île appartient à Om Ari, le père de son ami Fendi, elle leur procure des noix de coco, seule ressource de la famille. Et surtout ces constructions feront disparaître les tortues. Alors pour protéger les tortues, la mémoire de Salah et lutter contre l'injustice, Alam et ses amis vont se servir de la légende pour faire fuir les charpentiers.
Franck Prévot connaît bien l'Indonésie, son roman est inspiré de son séjour dans le village d'Alam, et l'on peut retrouver la légende d'Ibou Min dans l'album illustré par Delphine Jacquot. Annie Falzini
A la fraise
Hélèna Villovitch, Neuf, Ecole des Loisirs, 8 €
David décrète, un matin, qu'il s'appellerait dorénavant Georges. Cela bouleverse sa vie pour différentes raisons : son père lui annonce alors qu'il s'appelle Hugh Grant, sa mère Madonna.
A l'école, il se lie d'amitié avec Anesthésie, qu'il n'appréciait pas particulièrement, et l'invite chez lui pour faire leurs leçons. Lorsqu'ils ont fini, ils décident de dessiner et commencent par les amis de David : ils leur rajoutent quelques éléments d'animaux. Le lendemain, à l'école, ils ont la désagréable surprise de voir que leurs amis se sont transformés en animaux. Le processus continue jusqu'à ce que la remplaçante de la maîtresse se voit attribuer un long cou de girafe et la poche d'un kangourou. Comment arrêter le processus ? Ils décident tous d'aller voir leur institutrice en cure de sommeil à l'hôpital. Grâce à leurs efforts conjugués, tout va peu à peu rentrer dans les normes ou à peu près.
Un roman facile à lire où rire et fantastique se mêlent étrangement. La fin est peut-être un peu tirée par les cheveux mais ce roman est rafraîchissant, charmant et original. Anne-Marie Haloche, bibliothécaire