La Grande Môme, 15 ans, est mal dans sa peau et pourrait être le prototype de l’adolescente victime du complexe du homard.
Mais Emilie est surtout une jeune personne exilée de la vie ordinaire qui doit reconstruire un rapport au monde et une identité en retrouvant son nom et sa filiation avec des grands-parents notables de Rouen dont elle découvre l’existence.
La mère d’Emilie a été impliquée vingt ans plus tôt dans la mouvance d’Action Rouge. Elle a été recherchée par toutes les polices. L’exil forcé et la cavale ont formé l’enfance d’Emilie qui en avait fait son quotidien. Nathalie, la mère d’Emilie est aujourd’hui emprisonnée et inaccessible dans un quartier de haute sécurité en tant que terroriste !
Plus qu’un policier, c’est un roman noir intimiste qui, par bribes, raconte une vie.
C’est le parcours de sa mère qu’Emilie reconstruit en l’ordonnant en même temps qu’elle le confie à son amoureux. Nous découvrons ici un joli portrait de fils d’aristocrates ruinés qui avec Emilie va constituer un couple romanesque très attachant. Peu à peu, Nathalie découvre dans le regard des autres, dans le dit et le non-dit, dans les traces d’un passé incertain des images vraies de sa mère et de la réalité d’une génération qui voulait transformer le monde sans hésiter à recourir à la lutte armée. Ce sont ces rencontres sensibles qui confèrent au roman sa force émotionnelle. Le livre propose un portrait plein de compréhension, sans pour autant excuser la violence. Il pose un regard éclairant sur un pan de notre histoire récente.
De nombreux traits d’humour et de distance allègent la tension : le regard que la jeune fille pose sur elle-même et sur les autres, ceux de son âge et les plus âgés : les délégués des élèves, les militants gourds, les grands parents un peu empruntés, la CPE, les profs de gym…
L’auteur s’amuse aussi avec de multiples clins d’œil, citations, emprunts (l’avocat Derville porte le nom d’un avoué balzacien, celui du Colonel Chabert et d’autres romans de la Comédie Humaine). Des références littéraires (Rimbaud, Céline, Flaubert) ouvrent le texte sur la littérature. L’auteur semble emprunter le premier nom de cavale d’Emilie : « Dora Suarez », à un des maîtres du thriller noir, Robin Cooke, avec son roman titre : « J’étais Dora Suarez », roman peuplé de gens brisés qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent descendre la pente sans même une plainte.
De même que Flaubert a pu inspirer quelques unes des belles descriptions de Rouen, la quête obstinée du flic psychopathe Duvert a beaucoup à voir avec celle que mène dans Les Misérables l’inspecteur Javert, poursuivant un homme innocent et une enfant en en faisant une affaire personnelle dans laquelle la justice n’est qu’un prétexte. Ici, plus qu’une référence un peu lointaine, on peut lire le parti pris de Jérôme Leroy : traiter d’un fait divers pour donner un état de la société.
Avec un beau talent d'équilibriste, il réussit un roman aussi poignant que tendre et intensément humain.
Jacques Beaudoin, inspecteur
Gol, un jeune Nubien muet décide de se rendre à la cour du roi Salomon à Jérusalem. Il a entendu dire que celui-ci pourrait le guérir de son infirmité. Mais le roi Salomon est de mauvaise humeur et agacé parce qu’il ne parle pas. Il le fait jeter en prison avant de le vendre comme esclave. Gol réussit à fuir, il vit un temps dans une faille qu’il quitte pour parcourir le désert avant de s’arrêter dans une oasis. Dans cette oasis, il rencontre une jeune femme Cippora. Ils vont peu à peu s’apprivoiser et auront un fils Malik. Le roi Salomon s’est aperçu de son injustice et fait rechercher Gol. Des caravaniers s’arrêtent à l’oasis et les ramènent au roi Salomon où une autre vie va s’organiser pour eux. Gol va se transformer en scribe ainsi que son fils. Quant à Cippora, elle n’aime pas la vie qu’elle mène au palais ; elle sait que les merveilleux moments de l’oasis sont bien terminés. Gol, au fur et à mesure que le roi vieillit, est jalousé. Il décide de quitter le palais. Il n’en aura pas le temps :le lendemain, il est empoisonné. Sa femme le ramène dans son pays d’origine l’Egypte avec l’aide de la reine.
Réédition d’un texte paru en 1989 réécrit par l’auteur. Très beau roman, très poétique, avec une portée philosophique, une réflexion sur la liberté, la tolérance. De très belles scènes dans le désert ou autres lieux. C’est raconté par le fils Malik.
Anne-Marie, bibliothécaire
La grève
Murielle Szac (Seuil - 8,50€)
De l'avis même de l'auteur, ce livre raconte les valeurs du partage, de la solidarité, de la fierté du travail bien fait et de la révolte contre les injustices.
Le récit est écrit à travers les yeux de Mélodie,qui a 13 ans. Sa mère travaille dans une usine qui va fermer et être délocalisée. Les ouvrières dont sa mère occupent l'usine et Mélodie découvre des femmes fières de leur travail. Elle renoue aussi avec ce père qu'elle croyait lâche et alcoolique. Ces moments de solidarité qu'elle partage avec les adultes lui permettent de retrouver ses parents.
Une histoire d'amour donne une tonalité plus légère.
Thèmes : délocalisation, chômage, grève, solidarité, crise d'adolescence, amour.
Sylvie Tombrey, enseignante