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Quelques coups de cœur...

pour commencer l'année.

 

Ma vie à la baguette, éditions Thierry Magnier, Chloé Cattelain, 14,50 €

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Kevin vit près de Lille avec son jeune frère et son père, homme d’affaire acharné au travail et très soucieux de leur attachement aux coutumes chinoises. Comment concilier la rigueur paternelle avec les aspirations d’un jeune garçon de 17 ans ? Pourquoi ce silence autour de la mort de la mère ?

L’éducation chinoise qui a modelé Kevin a toujours créé un décalage entre ses camarades et lui. Ne pas répondre de façon agressive aux moqueries et aux attaques dont il est l’objet depuis son enfance, ne pas chercher à faire valoir son bon droit face aux adultes manquant de compréhension. Mais il a 17 ans ! Il veut lui aussi serrer une fille dans ses bras, se rendre dans les soirées organisées par la plus belle fille du lycée. A force de maladresses, de ruses, soutenu par son jeune frère il parviendra à s’affirmer et réaliser ses rêves. Surtout, à l’occasion des vacances passées obligatoirement à Pékin, il trouvera le courage d’affronter le silence qui pèse sur la mort de sa mère et découvrira le poids de l’histoire qui pèse aujourd’hui sur la société chinoise.

Quel beau roman évoquant la difficulté de concilier deux cultures ! Le héros arrive à faire valoir ses aspirations sans se rebeller contre un père qu’il aime, et sans renier ses origines. L’auteur permet au lecteur de prendre connaissance des contradictions qu’affronte aujourd’hui la société chinoise. La course à l’acquisition de biens, la survie dans une société sous surveillance demandent-elle vraiment de gommer tout un pan de l’histoire du pays ? 

France

 

 

Wild Girl, Éditions Albin Michel, Audren, 15 €

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Milly Burnett traverse le continent américain pour prendre un poste d’institutrice dans une petite ville du Far West. Nous sommes en 1867, la guerre de Sécession est finie. Pleine d’illusions, d’enthousiasme et de courage, Milly apprend à louvoyer entre les mesquineries de certains, ses propres attentes et la vie parfois cruelle de l’Ouest où les immigrants prennent la place des indiens.

Milly Burnett est une jeune fille volontaire et déterminée. Les obstacles ne la rebutent pas et elle est prête à surmonter tous les obstacles que sa position, son âge, sa dépendance vis-à-vis des parents de ses élèves contribuent à opposer à ses projets. Son âge et sa situation de célibataire l’amènent à être objet de convoitise de la part des hommes de la petite communauté dont elle fait partie. Trouvera-t-elle l’amour ? A quel prix ?

L’auteur nous informe s’être beaucoup documentée pour dépeindre le monde où vit Milly Burnett. C’est vrai. On retrouve dans ce roman tous les aspect du Far West déjà présents dans d’autres romans, dans des films connus. Peut-être est-ce un peu « trop » et Milly paraît une jeune fille très moderne pour une époque où la cohésion du groupe opposait une forte contrainte aux jeunes filles désireuses de gagner leur liberté. Le roman se lit avec beaucoup de plaisir et plaira aux amateurs d’aventure.

 France

 

Aussi loin que possible, École des loisirs, Éric Pessan, 13 €

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Antoine et Tony portent en eux une vie douloureuse. La famille de Tony vit dans la hantise d’une expulsion, Antoine est  victime de la violence de son père. Mais cela, on le découvre peu à peu. Ce matin-là, les deux collégiens s’affrontent amicalement dans une course à pied. Pourquoi s’arrêter ? La course se transforme en échappée qui les entraîne hors de la ville dans une aventure que nul n’avait prévue.

Antoine est le narrateur de cette étrange course, sans but et sans raison avouée qui les emmène jusqu’au bout… jusqu’à la mer, là où ils seront obligés de s'arrêter. Il observe, comme de l’extérieur son corps qui se dépasse dans un effort inhabituel, la nécessité de survie qui les conduit à chaparder pour manger, à se méfier de la malveillance de certains d’adultes et à accepter la générosité de quelques autres. Cet exploit imprévu trouvera sa justification dans les dernières pages. Antoine et Tony gagneront la course, le prix reçu aura le poids de leur avenir.

On retrouve l’écriture précise, incisive d’Eric Pessan, son empathie pour les adolescents blessés dans les conflits où les adultes les entraînent. On ressent l’effort des deux garçons, la douleur de leurs muscles exténués, l’exaltation qui les tient malgré le souffle qui leur manque. Le lecteur partage les sensations que le paysage suscite dans l’esprit du héros. L’auteur tient le rythme de la course tout au long du roman pour la clore avec un retournement inattendu : le lecteur est prié d’attendre, d’abandonner un instant l’esprit du narrateur pour devenir spectateur extérieur d’un dénouement heureux. Un beau roman résilient, une belle écriture.

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