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A l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage «Bashô le fou de poésie» aux éditions Albin Michel, Frédéric Clément a été convié par les libraires de l'Oiseau Lire pour une séance de dédicaces.
Matsuo Bashô n'aime ni les batailles, ni les sabres, ni l'uniforme, ni le sang. Il aime la paix, le silence, la lune, les pinceaux bien lissés... Matsuo Bashô ne sera pas samouraï. Il sera poète. C'est sur les pas de son disciple que le lecteur va découvrir la vie du grand auteur de courts poèmes, les haïkus. Ses voyages, ses rencontres et l'ouverture d'une école de poésie pour tous dans un Japon du XVIIème siècle.
Un texte sur la vie du poète japonais Matsuo Bashô, raconté par Françoise Kérisel et mis en valeur par l'art de Frédéric Clément. Les papiers, les supports, les matériaux, les couleurs, l'omniprésence des végétaux, la finesse, l'élégance... rien n'est choisi au hasard pour transporter le lecteur au fil des quatre saisons de la vie du poète dans une ambiance japonisante.
Une philosophie, un art de vie, un pays qui, s'il comporte encore de nombreux secrets pour Frédéric Clément, lui apparaît comme une évidence, «mon attrait pour le Japon ne s'explique pas, c'est comme le chocolat». Un goût qui «date de très longtemps» que l'on retrouve dans le raffinement de ses oeuvres. Au travers des images qui mettent en scène Les Belles Endormies de Kawabata mais également dans ses photographies (Bel oeil) et l'intimité de ses livres (Magasin zinzin, Museum, Les mille et une nuits...). Car quand on ouvre un livre de Frédéric Clément, on tire sur une ficelle, déplie des pans de couverture comme on ouvrirait un coffret qui contient des secrets.
«Avant même que l'on entre dans mon livre, j'offre un climat, une ambiance. Je veux que le livre soit un bel objet». Et quand on ouvre ce bel objet, les mots sonnent, résonnent et les images sont à regarder dans les moindres détails, «la partie graphique offre de nombreuses allusions qui complètent la narration et l'allège». «Pour moi, ce n'est pas de la poésie, la forme n'est pas dite poétique. On ne pense pas à moi comme un poète d'ailleurs. Mais quand j'écris, je parle. Et c'est à force de mâcher et remâcher les mots pendant des heures que quelque chose sort. Quelque chose qui sonne, qui me convient».
Si Frédéric Clément est souvent associé comme un auteur-illustrateur (graphiste ? il n'aime pas le terme illustrateur) pour la jeunesse, il s'en défend, «la frontière est très mince, quand je décide de basculer, je bascule mais je ne fais pas seulement des livres pour les enfants. Lorsque j'ai commencé dans l'édition, à la fin des années 70, je venais du monde de la presse. Et quand on veut mettre des images dans les livres, ce sont souvent des livres pour enfants...».
Peu intéressé par les romans actuels «trop psychologiques» à son goût, Frédéric Clément trouve son inspiration dans des «textes qui partent en étoile» : «J'aime ouvrir des portes, me perdre, être à la dérive, en flottaison». Une notion de labyrinthe que les inconditionnels de Frédéric Clément pourront retrouver dans son prochain ouvrage qui traitera de «camelot /poète ou de poète/camelot», où l'enfermement de la surenchère sera de rigueur pour convaincre. «C'est tout mon opposé !»
Béatrice Cherry-Pellat